Incube
Symbole subconscient de la luxure, les Incubes sont des créatures sentientes, extrêmement
intelligentes, qui s'insinuent dans l'esprit du rêveur, tissant une toile de séduction à travers
des rêves empreints d'une sensualité enivrante et d’un puissant désir charnel. Ils
parviennent à leurrer leur vaisseau en exerçant sur lui un contrôle mental quasi absolu et en
entretenant une relation d’adoration, souvent sexuelle, qui peut pousser le vaisseau à des
actes désespérés, jusqu'au sacrifice ultime par amour. Une fois libres, les Incubes sont
capables d’évoluer discrètement parmi les humains ; il est cependant possible de les
identifier par quelques détails, souvent des écailles disséminées sur leur corps, une peau à
l’aspect de cuir ou une pupille rectiligne. La présence d'un Incube est souvent précédée
d'une série d'événements tragiques, où l'amour se transforme en obsession mortelle. Ces
cauchemars ne peuvent être ni exorcisés ni simplement repoussés ; ils doivent être affrontés
et anéantis.
N.D.A. : Les écrits contenus dans Somnia pace et rêves mantiques nous avertissent de la
dangerosité des Incubes lorsqu'ils atteignent le Cor Liberum. Leur capacité à se fondre parmi
les humains tout en tissant des liens toxiques et destructeurs fait d'eux des adversaires
redoutables. Ils ne sont pas à craindre seulement pour leur puissance, mais aussi pour leur
influence insidieuse sur l'esprit et le cœur des mortels.
Bellicus
Le Bellicus, surnommé « le cauchemar des conquérants », est une énigme disparue dont
l'ombre plane encore sur les pages de l’Histoire. I Né du désir ardent de conquête et de
pouvoir, cet être terrifiant est la matérialisation de la soif de sang et de mort. Les
témoignages de Saladin Antar, le dernier vaisseau connu, évoquent une créature d'une
ampleur incommensurable, dont la seule présence suffisait à ébranler les fondations des
empires.
Mère, bien qu'elle n'ait jamais croisé son chemin, m'a transmis les échos de ses mentors, qui
ont fait face à Altar’Yon durant la campagne de Lorient-d’Ébène. Ils parlent du Bellicus
comme d'une force dévastatrice, un cataclysme incarné, dont l'existence même défiait la
compréhension de la puissance. La chute d'Altar’Yon est décrite non comme une victoire
stratégique, mais comme l'œuvre d'un miracle de l'Équilibre, un rappel que même les plus
grands fléaux peuvent être renversés.
La silhouette imposante du Bellicus décrite par maître Antar ou les témoins du Nord de la
Couronne est, semble-t-il, telle qu’un monolithe de terreur. Cette créature est la preuve
vivante que les légendes et les mythes de la caste sont bien plus que de simples contes
pour justifier l’utilité des chasseurs de songes : ils sont les vestiges d'une réalité où le
pouvoir et la destruction marchaient main dans la main, incarnés par des cauchemars tels
que le Bellicus, que les Épeires ont contribué à anéantir.
N.D.A. : On prête à l’Équilibre la défaite d’Altar’Yon, mais c’est bien l’alliance de la caste et
d’Esteb Argon qui a terrassé la créature, révoquée sous la lame du général Argon :
Edelsilber.
Klappern
Aujourd’hui, Bastione m’a fait étudier les Klapperns, cauchemars qui incarnent les tourments
liés au deuil et à la mort. Ces entités, nées des profondeurs du chagrin et de la perte,
émergent, comme des empreintes sombres, des émotions humaines les plus douloureuses.
(Mère en a affronté plusieurs et parle davantage d’une affliction liée à l’héritage.)
Ces êtres ont une apparence le plus souvent squelettique, avec des griffes tranchantes
comme des rasoirs et des crocs d'une puissance terrifiante. Leur silhouette macabre est
sans nul doute un rappel sinistre de leur origine morbide dans l’imaginaire du rêveur.
Selon les écrits d’Hugéia Epia, les Klapperns se désintègrent d’une simple caresse de
lumière solaire. Cette vulnérabilité singulière, encore inexpliquée, a suscité de nombreuses
recherches au sein de la caste tant et si bien que des écrivains comme Von Iliaden ont
imaginé que la lumière pourrait symboliser l’espoir ou la résolution du deuil.
Les Klapperns ont besoin d’une ancre pour se matérialiser, une sorte d’autel, qui sert à les
maintenir « en vie ».
Même s’ils font partie de la catégorie des cauchemars dit « indigents », normalement dénués
de réflexion ou d’un réel intellect, les chasseurs de songes les craignent à raison.
Les leçons des Épeires enseignent qu'affronter directement ces abominations est une voie
très périlleuse.
Selon Mère, la vraie force contre ce genre de créatures réside dans la ruse et la tactique :
plutôt que de les combattre de front, il est souvent plus sage et moins laborieux de détruire
leur ancre – une tombe ou des ossements – conduisant alors à leur révocation.
Belial
Mère m’a fait la leçon sur les Belials, elle semble avoir eu plusieurs affrontements avec eux
et avait beaucoup de choses à en dire ; elle a même participé à la rédaction d’un codex pour
l’Ordre à leur sujet.
Ils émergent des tréfonds de l'âme humaine, nourris par les regrets et la douleur des
promesses non tenues et des serments violés. Ils incarnent les remords et la trahison, d'où
leur surnom de « cauchemar des serments ».
Ces créatures possèdent une apparence presque humaine, ce qui leur permet de se fondre
parmi nous. Elles adoptent souvent un aspect qui reflète ce que leur vaisseau aurait dû être,
comme une cruelle moquerie du chemin non pris ou des promesses brisées ; cependant,
chaque Belial porte une marque – une cicatrice, une brûlure ou une autre séquelle physique
– qui révèle sa véritable nature. Ces indices sont essentiels pour les Épeires afin qu’elles les
identifient et les distinguent des humains ordinaires.
Dotés d'un ego surdimensionné et d'une grande intelligence, les Belials sont des
manipulateurs habiles, utilisant leur esprit aiguisé pour élaborer des stratégies complexes.
Ils excellent à se libérer de leur vaisseau et à se mêler à la communauté humaine, souvent
en influençant les événements selon leurs désirs, parfois même en gravissant les échelons
de notre société. Le Belial le plus connu à ce jour n’est autre que le comte Varen Jonas, à
l’origine de l’incident de Bar Tolmay. Il était même parvenu à devenir un membre influent de
l’État, il est l’exemple même de la dangerosité de ces cauchemars.
Cependant s’ils sont des adversaires redoutables sur le plan stratégique, leur force physique
est plus ou moins semblable à celle d'un être humain, ce qui les rend vulnérables dans un
combat direct.
À travers l’exemple des Bélials, on enseigne aux chasseurs de songes que les cauchemars
peuvent prendre forme à partir des regrets les plus profonds et des erreurs les plus
douloureuses comme témoins que nos choix et nos paroles ont un poids, que leurs
conséquences peuvent parfois s'étendre au-delà de notre propre esprit.
Veneris
Je n’ai trouvé que très peu d’informations sur ce type de cauchemar et, pour cause, il n’y a
que très peu de cas recensés. Bastione semblait assez mal à l’aise sur le sujet et esquivait
la plupart de mes interrogations, c’est donc dans les archives de l’abbaye que j’ai trouvé
d’anciens codex précédant la fondation du Salice.
Il y est mentionné comme un cauchemar insidieux et paradoxal qui prend racine dans
l'amour pur et profond, une émotion habituellement rattachée à l’Équilibre qui, par une
cruelle ironie, devient la source d’une engeance du Chaos.
Ce type de cauchemar ne naît pas de la peur, mais d'un amour intense, et la terreur émane
de la perspective angoissante de perdre cet amour précieux. Le Veneris est ainsi une
antithèse des cauchemars traditionnels, une ombre qui danse à la limite entre la lumière et
les ténèbres de l'esprit humain.
Je n’ai trouvé aucune représentation graphique, mais, en regroupant le peu de
renseignements à ma disposition, je crois comprendre que sa présence est enveloppante,
d'une aura qui évoque à la fois la tendresse et la menace. Son influence insinue la peur la
plus profonde dans l'esprit de son vaisseau, la peur de perdre ce qui est inestimable. Cette
crainte croît et s'intensifie, se transformant en une obsession qui peut conduire à la folie ou
au suicide.
Contrairement aux autres cauchemars, le Veneris ne peut être dissipé par le temps ni par les
sorts des Épeires. Il est à la fois le gardien et le bourreau de l'amour, transformant cet
attachement en une chaîne liant le rêveur à un destin sombre et désespéré.
Les méthodes conventionnelles d'exorcisme sont impuissantes face à cette entité, qu’on doit
affronter avec une stratégie spéciale, souvent en réaffirmant les liens d'amour d'une manière
qui désarme le Veneris, le privant de sa source de pouvoir.
Le défi avec un Veneris réside donc dans la nécessité de fortifier, de rassurer l'esprit contre
la peur de la perte, tout en préservant l'amour qui a donné naissance à la créature. Les
Épeires doivent utiliser des techniques qui renforcent la résilience émotionnelle du rêveur,
transformant l’angoisse en acceptation et l'amour en libération. I Ce cauchemar représente
un adversaire unique qui exige des Épeires non seulement de la bravoure, mais aussi une
profonde compréhension de la complexité des émotions humaines.
N.D.A. : Après des recherches, je n’ai trouvé aucun cas de Veneris où le vaisseau a survécu.
Ou il est parvenu au Cor Liberum ou les chasseurs de songes ont dû tuer le vaisseau pour
éliminer la menace.
Phantasma
J’ai terminé mes recherches sur le Phantasma, un cauchemar né de la corruption des
ambitions les plus sombres, qui se manifeste sous une forme semi-matérielle. Il est
l'émanation visible d'un désir profond et souvent pernicieux de son hôte, se nourrissant de
l’avidité malsaine tapie au fond de l’esprit humain.
Sa véritable essence est un noyau tangible qu’il dissimule habilement derrière une
apparence trompeuse et sinistre – souvent un golem ou un avatar physique.
Bien que rares soient les cas où un Phantasma a conduit son hôte au suicide – et donc à
son indépendance après le Cor Liberum –, Mère m'a toujours avertie de ne jamais les sous-
estimer. Ces créatures sont capables de migrer d'un golem à l'autre, se dissimulant pendant
des années, voire des décennies.
N.D.A. : La clé de la victoire réside dans la découverte et la destruction du noyau. Toutes les
tentatives de détruire ou d'exorciser son enveloppe externe sont vaines. Tant que le noyau
demeure intact, le Phantasma est capable de se régénérer.
Chérubin
Les Chérubins naissent dans les méandres des peurs collectives, ils viennent de l'anxiété
superficielle et éphémère. Ces cauchemars, bien qu’ils soient les plus prolifiques,
représentent la catégorie la moins menaçante des créatures des songes. Leur essence est
celle d'une frayeur passagère et, bien souvent, ils se nourrissent de l'énergie vitale des
rêveurs, mais leur existence est aussi fugace que la peur qui leur a donné vie.
Ce sont des cauchemars indigents, incapables de réflexion et d’un réel intellect, souvent de
petites tailles et pourvus d’ailes. Les Chérubins sont assez simples à exorciser ou même à
combattre même si, comme tout cauchemar, il ne faut pas les sous-estimer.
Bastione m’a confié que Mère s’était déjà moquée de lui après qu’il eut subi une attaque qui
l’a blessé : ça ne m’étonne pas d’elle.
Coryphée
N.D.A. : Au sein des hordes de Chérubins, il est une entité qui transcende sa condition
initiale, le Coryphée. Ce « monarque des Chérubins » émerge d'une voracité sans pareille, le
poussant à dévorer ses congénères pour absorber leur essence et ainsi gagner en
puissance.
Ses traits, bien que rappelant ceux des Chérubins, sont déformés par sa gloutonnerie lui
octroyant un gabarit bien plus imposant et une capacité de régénération nettement
supérieure. Dans les enseignements des Épeires, le Coryphée rappelle que la menace peut
évoluer et qu'il est crucial de rester vigilant non seulement face aux dangers immédiats, mais
aussi face aux menaces latentes.